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RENCONTRE AVEC : DAVODKA « Je trouve que l’on suit beaucoup le courant. Si la masse dit que quelque chose est bien, tout le monde va acquiescer pour être accepté. »

Très prolifique, depuis qu’il s’est prêté au jeu en 2013, le MC ne le lâche plus ! Avec déjà plus de 5 projets majeurs en 6 années, à son actif, le rappeur du 18ème arrondissement de Paris, revient en 2019 avec son cinquième album solo intitulé A juste titre, soit un nouveau coup de maître qui ne passera toujours pas inaperçu ! Rencontre avec…

Davodka ! Comment vas-tu ? Pourrais-tu te présenter aux lecteurs de Superbe Média qui ne te connaitraient pas ?

Salut, je suis en très grande forme ! Je suis Davodka, auteur, interprète, compositeur, beatmaker originaire Paris Nord. J’ai commencé en 2003 avec le groupe Paris Pole Nord, puis nous avons migré dans un groupe qui s’appelait MSD composé de 9 membres en 2008 avec lequel nous avons sorti un album en 2012. Je suis ensuite parti en solo en balançant ma première carte de visite intitulée Un point c’est tout en 2013. J’ai sorti 5 projets depuis pour attérir avec A juste titre, aujourd’hui en 2019.

Quel est l’origine de ton blase ?

Je suis d’origine russe. Je faisais du graffiti à l’époque mais je n’avais pas un blase qui collait à ce que j’étais en rap. Un soir avec Paris Pole Nord, un membre du groupe m’a surnommé comme cela parce que j’aimais bien trinquer et que j’étais d’origine russe.

Tu es originaire du 18ème arrondissement de Paris. Un arrondissement plutôt dense en MC. Peux-tu nous expliquer comment a évolué ton rap dans ce quartier et les autres rappeurs que tu y côtoyais ?

Je n’y ai pas côtoyé beaucoup de rappeurs. Mais j’ai rencontré Koma, Rockin’ Squat… Qui m’ont tous les deux donnés de la force à l’époque pour pouvoir mettre en avant mon projet. Ils ont été ma première vitrine. Mes premiers retours ont été plutôt bons. J’ai été très honoré en 2013 d’avoir ce retour là.

Entre 2003, l’année où tu commences à rapper, et 2013, l’année de sortie de « Un Point c’est tout », tu paufines ton rap. Quelles étaient tes références rappologiques en France durant ces dix années ?

Un bon paquet ! Je n’écoutais pas beaucoup de rap avant les années 2000. Mais j’ai forcément découvert le rap avec IAM et NTM, puis étant résident du 18ème arrondissement de Paris, j’ai fouillé dans l’énergie de mon quartier avec des artistes comme Assassin, Scred Connexion, Flynt, TSR Crew, etc… J’ai aussi beaucoup aimé le rap du 91, principalement Sinik.

Ton premier projet solo date donc de 2013 avec « Un point c’est tout ». Depuis tu as sorti quasiment sorti un projet tous les ans, soit quasiment un par an. De 2013 à maintenant, quelles seraient les trois thématiques majeurs de ton rap ?

L’échec social, car j’ai toujours aimé mettre un point d’honneur sur les inégalités. Une particularité que l’on voit particulièrement dans le 18ème arrondissement. Ce quartier en est une belle métaphore. Les addictions ! En ce moment, je suis sur le thème de la paternité !

Tu as l’étiquette de rappeur conscient, qui pour nous, chez Superbe Média, est un pléonasme. Est-ce que cela te gène, dans le rap de 2019 ?

Je m’en fiche des cases. Après c’est normal qu’on te mette dedans. Le seul problème c’est que dans la bouche de certaines personnes ça peut être soit positif, soit négatif.

Tu viens donc de sortir ton quatrième album solo intitulé « A juste titre ». Qu’est ce que cela représente pour toi ?

C’est super important d’avoir un trophée de plus à rajouter sur l’étagère. Ce sont des années de passion, de travail, condensées dans un cd, mais j’attends toujours les retours des gens. Pour l’instant, les premiers retours sont très positifs et on va essayé de donner des ailes à A juste titre.

L’incroyable titre « Tour de Contrôle » en featuring avec Hayce Lemsi, qui a dépassé le million de vues, un mois après sa sortie. Quel est ton sentiment ?

C’est un titre de performeur. En France il y a peu de rappeurs qui aiment pousser aussi haut un débit comme celui-ci. J’avais déjà fait un titre à l’époque intitulé Mise à flot qui était dans cet esprit. Hayce Lemsi était vraiment la personne avec qui ça a été facile de trouver une direction avec ce son d’ambiance qui peut cartonner en live. J’aime beaucoup le clip également. Ce son envoie !

D’ailleurs dans ce titre, tu dis « On te balafre l’oreille, pas là pour l’oseille, voilà la leçon ! ». Peux-tu nous expliquer cette phrase qui, de nos jours, revendique quelque chose de plutôt rare ?

Moi, je ne fais pas tout ça pour la tune. L’argent n’est pas un tabou, je suis très fier de pouvoir vivre de ma passion et je souhaite cela à tout le monde. C’est une chance que les gens m’ont donné, alors je la prends et j’espère que ça continuera. Le rap pour moi est un exutoire. Les choses ont évolué dans le bon sens, malgré le fait que je n’ai réussi à trouver ma voie à l’école ou dans le travail. Les gens m’ont offert une chance alors je l’ai saisi !

Sur « A juste titre » on retrouve également le titre « Sama », que tu viens également de sortir en clip. Dedans on te retrouve en tant que Davodka Sama. Pourrais-tu expliquer aux lecteurs de Superbe Média, ce rôle engagé ?

Je suis un fan de manga de base. Je suis de la génération Dragon Ball Z. Le Sama est celui qui impose le respect, c’est un titre de royauté. Ce clip c’est une image dans laquelle je pars d’en bas, je gravis la montage mais tout le monde essaye de m’arrêter. A la fin, je tente de m’imposer pour enfin être respecté. 

Ce clip tout en animation est d’ailleurs magnifique, quel a été le processus de sa conception ?

Ca a été un sacré boulot. C’est l’équipe belge de Volstok qui a fait l’animation. Il a demandé une année de travail. Le son était déjà prêt depuis la fin de l’année 2017. Je souhaitais partir sur un délire manga pour imager le son, mais je ne voulais pas commencer à me déguiser en samouraï etc… Le première idée a donc été de partir sur de l’animation. J’ai cherché sur le net différentes animations et je suis tombé sur le travail de Volstok. Je leur ai envoyé le son avec les textes traduits en anglais. Ils ont décrypté l’ensemble du texte en nous envoyant plusieurs idées/croquis, puis nous avons validé.

Dedans tu dis « J’veux pas percer en faisant des sons de drogués à la mode » . Très intéressant. Tu peux nous en dire plus ?

Je n’ai pas envie de mettre en avant le fait de boire ou de fumer. C’était très à la mode de mettre en avant le fait de boire de la Lean, comme un tremplin. Je trouve que ça pousse les jeunes vers le bas. Clairement, ce n’est pas l’image que j’ai envie de dégager, je préfère donner une image positive. Davodka, mon blase, véhiculait beaucoup le thème de l’alcool, et c’est vrai qu’aujourd’hui si je devais rechoisir un blase, j’en trouverais un autre, mais je le garde par nostalgie.

Tu balances également, pour nous,  l’une des plus grosses punchlines actuelles, car elle clash autant les auditeurs que l’industrie : « La jeunesse est tellement perdue, que quand elle écoute de la merde, elle te répondra, c’est pas grave, c’est la mode ». Tu peux nous expliquer cette pensée ?

Je trouve que l’on suit beaucoup le courant. Si la masse dit que quelque chose est bien, tout le monde va acquiescer pour être accepter. C’est la société qui veut ça. Dès que tu es un peu trop en marge, on te pointe du doigt !

Pour toi qu’est ce que signifiait rapper en 2003 ? Et qu’est ce signifie rapper en 2019 ?

On était beaucoup moins nombreux en 2003. Aujourd’hui si on mettait en place des RDV Open Mic, il y aurait des arrachages de micro de malade. Aussi, le rap avait une identité très limitée en terme d’instrumentales à l’époque. En 2019, on a une grande diversité. J’aime bien la trap. Je ne suis pas encore trop fan de l’auto-tune, peut être que ça viendra mais pour l’instant c’est pas trop mon délire. Aujourd’hui, j’aime que l’on fasse ce que l’on veut car tout le monde a compris que l’on peut faire du rap chez soit. 

Superbe est un média qui parle de culture française et de sapes françaises.. Est ce que le style vestimentaire est important pour toi dans la représentation de ton art ?

De 2003 à 2013, j’en avais rien à faire, clairement ! Je préfèrerais que l’on m’écoute plutôt que l’on me regarde. Aujourd’hui, j’ai commencé un peu à m’intéresser aux sapes, mais ça fait très peu de temps. J’aime bien ! Je me sens mieux quand je suis bien sapé.

En quoi Davodka #CESTSUPERBE ?

C’est magnifique ! C’est resplendissant ! C’est pétillant ! C’est essayé d’être brillant. On sort de l’underground pour être un peu brillant !

Derniers mots ?

Écoutez-vous dans la vie. Essayez de vous plaire avant de plaire aux autres ! Gardez la santé ! Nasdrovia ! 

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Propos recueillis par : @ill_Y0.

Crédit photos par : @LouisYago pour Superbe Média.

DAVODKA A JUSTE TITRE #CESTSUPERBE