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RENCONTRE AVEC : LUIDJI « Je suis plus influencé par des énergies, que par la musique des artistes. »

Après avoir sorti une multitude de projets musicaux variés depuis 2011 et fondé son propre label au titre évocateur, Foufoune Palace, en 2017, le rappeur parisien arrive avec son premier projet musical d’envergure. Un premier album attendu au tournant, travaillé dans le dynamisme de son développement incessant. Concentré, détendu, disponible et à l’écoute, Rencontre avec…

Luidji, pourrais-tu te présenter aux lecteurs de Superbe Média qui ne te connaitraient pas ?

Artiste de la région parisienne : 92. J’ai fait pas mal de choses. J’ai commencé par poster des sons sur internet il y a environ 7-8 ans. Ensuite, je suis passé par le Rap Contenders. J’avais un collectif qui s’appelait Capsule Corp avec lequel j’ai commencé le son à l’époque. Aujourd’hui j’en suis à mon troisième projet. J’ai sorti 2 EP auparavant et là sort mon premier long format. C’est mon premier album !

D’où vient ton blase, Luidji ?

C’est mon prénom. J’ai eu d’autres blases avant. Maintenant mon prénom est devenu mon blase.

Il y a trois mois, Superbe Média écrivait un article sur ton morceau “Néons Rouges / Belles Chansons” (article Ici), qui devait annoncer la sortie de ton album. Qu’en est-il de cet album ?

L’album est fini. Je n’ai pas envie de me porter le mauvais œil, mais je sais qu’il va sortir sous peu. Je me suis concentré sur la finalisation du projet. Et un album ce n’est jamais vraiment fini jusqu’à ce qu’il soit sorti. Il y a toujours des choses sur lesquelles nous devons revenir ou des idées qui peuvent améliorer l’album. Mais je pense que la version finale est là.

A quoi va-t-il ressembler ?

C’est un storytelling sur 4 ans de ma vie. Principalement dans ma vingtaine. Il suit mon humeur, mes émotions. En fin de compte il parle de ma vie. Avant d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur, vu que c’est mon premier long format et qu’aujourd’hui on a réussi à construire une base de fan assez solide, je pensais que c’était vraiment le projet idéal pour se présenter totalement. D’où je viens, ce que j’ai vécu, etc… Pour ensuite enchaîner sur des projets centrés sur d’autres choses. Mais il était important de tout d’abord se présenter au grand public.

Avec quel producteur as-tu travaillé sur cet album ?

Essentiellement avec mes producteurs à moi, c’est-à-dire de mon label. Il y a Ryan Koffi, Pee Magnum, Mnsd… Que des mecs avec qui j’ai bossé en 2017 et en 2018. Ce sont eux qui avaient produit la plupart des sons de la playlist Foufoune Palace.

Dans le morceau Champagne, tu dis « L’album arrive zéro feat, ça me permet d’aller plus vite ». Ça veut dire que tu seras tout seul sur tout l’album ?

Oui. Quand j’écoute du son je déteste me faire chier. Je pense que si j’avais été un peu plus limité, peut-être que j’aurais fait appel à différentes voix. Mais étant donné que maintenant j’arrive à un stade où on maitrise aussi bien le rap que le chant, je n’appelle pas de noms juste pour en avoir sur mon projet. Je sais qu’en voix additionnelle il y a Enchanté Julia, elle n’est pas encore très connue, mais elle bosse beaucoup, et surtout c’est quelqu’un avec qui je m’entends très bien. Avec elle, c’est allé vite pour le coup. Mais sinon au niveau des feat., si c’est pour appeler un tel ou un tel, pour faire ceci ou cela… Je préfère que cela se fasse naturellement, surtout je ne suis pas arrivé à un stade ou j’ai besoin de faire des feats.

Justement maintenant beaucoup de gens font des feats. C’est un peu devenu une mode…

Non, ça fait partie de la culture, ça fait partie du jeu ! Après il y en a beaucoup qui les forcent aussi. Ils pensent que ça peut attirer tel ou tel public, ou attirer l’œil de gens qui n’écouteraient pas forcément. Moi je ne suis pas du tout dans cette démarche là. Je pense qu’à partir du moment ou des gens sont là pour t’écouter tout seul, ils n’ont pas besoin que tu ramènes un tel ou un tel. Je pense que ceux qui viennent t’écouter parce qu’il y a le feat., vont venir essentiellement pour le couplet du mec invité qu’ils kiffent. Le reste…

Est-ce qu’il y a des artistes avec qui tu aimerais collaborer tout de même ?

Là comme ça, je n’ai pas d’idées qui me viennent en tête. Ça arrive, mais là je n’ai pas de noms.

Récemment ton titre Vent D’hiver a été utilisé dans la série Ballers sur HBO. Est-ce que ça a eu un impact sur ta carrière ?

Franchement, non. Ça nous a rapporté des sous mais c’est tout. Après c’est bien pour le sport.

Tu apportes du soin à l’aspect visuel dans ta musique, notamment a travers tes clips. Est-ce que pour toi c’est un aspect nécessaire dans la réussite de sa musique en 2019 ?

Ouais, il y a quand-même pas mal de gars qui maitrisent l’image encore mieux que moi, mais je pense qu’il faut faire un minimum. Parce que même moi quand j’entends un morceau cool et que le clip est… Enfin, ce n’est pas pour avoir les dernières sapes ou quoi, mais je pense qu’il y a un minimum de concept à avoir. Un mec qui sait cadrer, une bonne énergie, un bon son… On ne demande pas des choses incroyables. Dans tous les cas j’accorde de l’importance a l’image des mecs sur laquelle je peux cliquer sur Youtube au hasard comme ça., beaucoup plus qu’avant !

Ça se ressent dans tes clips.

En plus il y en a beaucoup que je co-réalise.

Tu en parlais tout a l’heure, tu as créé ton label Foufoun Palace Records, en 2017. D’où vient ce nom que l’on retient tout de suite ?

Déjà Foufoune Palace c’est le nom de l’un de mes titres. Un jour un ingé a répondu au téléphone à côté de moi et il a dit un truc du genre : « Foufoune Palace Bonjour ! » ou « Foufoune Palace j’écoute ! ». J’avais trouvé ça chanmé, donc je me suis dit que j’allais en faire un son. Le premier son que j’ai fait sur lequel je n’ai pas trouvé de titre je l’ai appelé Foufoune Palace, surtout que le refrain reflétait pas mal notre état d’esprit dans le label : « La famille avant l’oseille, l’oseille avant les salopes ». Du coup je me suis dit, que c’était parfait, car c’est un nom particulier, qui ne laisse pas les gens indifférents, et qui traduit en plus de ça un certain un état d’esprit. On a commencé par en faire des sapes, et logiquement avec la suite des choses c’est devenu le nom du label.

Qu’est ce qui t’as poussé à créer ton label justement ?

Je pense que c’est l’expérience. Quand j’étais plus jeune, j’étais chez Wagram. Ce n’est pas une major, mais c’est pareil. Du coup il y a plein de choses dont j’avais l’impression qu’on pouvait s’occuper seuls. Et surtout beaucoup plus rapidement. Au niveau du développement etc… Ils avaient une manière très a l’ancienne de bosser, et nous on aime bien bosser sur l’instant. Enregistrer un son, faire le clip le jour même et le sortir si jamais c’est possible de le faire. Le fait d’avoir créé un label, cela nous permettait de tout faire dans un cadre bien précis et ne pas juste bazarder des sons et de dire qu’on est un label. On savait qu’on pouvait aller chercher des deals, avoir des subventions… Plein de choses changent quand on a le statut d’un label. Donc c’était pour professionnaliser tout cela. Aujourd’hui je suis chez Universal. J’avais un peu de réticences au début, mais il n’y a pas de problèmes car maintenant je signe mon label, je ne signe plus moi-même. Je trouve ça beaucoup plus simple comme manière de fonctionner.

Vous avez beaucoup d’artistes sur ton label ?

Oui ! Des compositeurs, des artistes… Il y a Tuerie Balboa aussi que Ryan, Pee, Msnd et d’autres. Il y a des compositeurs, des artistes, j’ai aussi un graphiste, un community manager… C’est une petite équipe mais on a tous le même but et surtout on a tous le même âge, on est tous de la même génération. Ca va beaucoup plus vite quand tu es entouré de gens qui sont motivés par la même chose que toi.

Ces dernières années tu étais assez productif, tu sortais beaucoup de sons ! Ou est-ce que tu trouves tes inspirations ?

Il y a un peu de tout, la hess ! Au début quand on était le plus productif, c’est quand on n’avait vraiment rien. Quand on sortait de chez Wagram, etc… On n’avait rien de rien ! On n’avait même pas encore dans la tête de faire un label. Ce que je me disais juste, c’est que j’allais faire du son. Vers la fin d’année 2017, je me suis mis à écrire différemment. C’est à ce moment là que j’ai vraiment commencé à m’inspirer de ma vie. Je me suis dit que ce serait vraiment bien d’adopter ce procédé d’écriture sur tout l’album, et pas uniquement sur deux ou trois titres. J’ai commencé par faire ça sur les morceaux Pour Deux Ames Solitaires 1/2/3, dans lesquels je racontais ma rencontre avec une femme. Comme je me suis rendu compte que ça avait très bien marché et que je les avais écrits rapidement, j’ai décidé d’adopter ce procédé sur tout le projet. J’avais plein de choses à raconter.

Quelles sont tes influences musicales premières ?

Franchement je m’inspire d’à peu près tout. Il n’y a pas une liste d’artistes que j’écoute tous les jours etc.. Je n’ai pas de playlist. Il y a même des jours ou je n’écoute pas de son. La plupart du temps je pense que j’écoute des musiques qui n’influencent pas vraiment ce que je fais. Je suis plus influencé par des énergies, que part la musique des artistes. C’est ce qui fait qu’après je ponds des titres comme “Néons Rouges / Belles Chansons”, qui ne ressemblent pas vraiment à ce qui se fait. Je ne réfléchis pas la musique de manière binaire, en me disant soit je rappe, soit je chante. Je me pose juste la question de savoir ce qui peut bien donner, sur tel ou tel beat. Si c’est du rap, c’est du rap. Si c’est du chant, c’est du chant. Les gens l’appellent comme ils veulent. Je n’ai pas vraiment d’artistes qui m’influencent plus que d’autres. Bien sûr, après j’ai mes classiques comme tout le monde.

Superbe Média traite de la culture hip-hop française mais aussi des vêtements français ! Quelle est l’importance pour toi de te saper dans la représentation de ton art ?

Aujourd’hui, je fais beaucoup plus attention qu’avant, mais je ne sais pas si j’ai vraiment déjà accordé de l’importance à mes sapes. Si on regarde vraiment bien mes clips, je n’ai jamais des pièces de “fou malade”, qu’on peut trouver nul part ailleurs etc… Après je respecte quand même certains codes.

Quels codes respectes-tu ?

Il y a des marques avec lesquelles j’ai bossé donc elles m’intéressent au niveau de la qualité. Mais il y a des trucs sur lesquels je ne m’attarde jamais. J’aime Ralph Lauren, ou encore K-Way qui viennent de m’envoyer des trucs… Toutes ces marques qui sont en place depuis un bon moment car en général c’est là que je trouve la qualité. Ce sont les pièces qui me durent le plus longtemps. Chevignon, Ralph Lauren… ou encore des marques un peu plus récentes comme Kooples… J’achète beaucoup de pièces en friperies aussi. Je fonctionne plus à l’instinct, plutôt que regarder des outfits sur internet. Je ne fais quasiment jamais de shopping.

Si tu avais 3 marques françaises préférées, lesquelles seraient-elles ?

Je n’ai pas envie d’en zapper… Lacoste ! J’aime bien Le coq sportif mais je n’en mets pas ! Bleu De Paname…J’ai acheté une seule veste, mais le jour ou je l’ai acheté je voulais quasiment prendre tout ce qu’il y avait là-bas.

En quoi Luidji #cestsuperbe ?

Parce que c’est unique et que je n’en connais pas d’autre avec ce blase et ça #cestsuperbe !

Un dernier mot ?

J’ai passé un très bon moment avec Superbe Média, et j’ai vraiment hâte que l’album sorte, parce que la promo c’est bien mais la musique c’est mieux !

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Propos recueillis par : @Kevin.Berard.

Crédit photos par : @ill_y0 pour Superbe Média.

LUIDJI #CESTSUPERBE